Rencontre autour d'un verre

Kelsis était persuadé de passer inaperçu à l'auberge du Poney Fringant. Il s'était tout d'abord montré réticent à l'idée de porter "des vêtements pour pauvres", mais son père lui avait assuré que ladite auberge se situait dans les HautsQuartiers, aussi était-il rassuré. Il avait donc enfilé des pantalons légèrement rapiécés, une chemise grise et un veston de cuir noir afin de se faire passer pour un Fleuvois moyen. C'est là que son père lui avait dit qu'il l'accompagnerait, sous couvert d'un déguisement. Kelsis avait éclaté de rire. Kelsis premier du nom, déguisé ? Vous plaisantez.
Kelsis Senior ne plaisantait pas. Cette première opération était très importante. Son espion l'avait informé avoir découvert l'identité du chef, ou du moins d'un membre haut placé, d'un des nombreux organismes qui visaient à chasser le roi de son trône. Kelsis avait haussé un sourcil mais, devant la détermination de son père à "le traiter comme un enfant de dix ans", il avait cessé de protester. Tant que papa de Trell ne se mêlait pas directement de ses affaires, n'est-ce pas...

Cette mission, c'était la sienne. Aussi Kelsis était-il bien décidé à ne pas échouer. Même si c'était un crétin, il se rendait compte que tout le monde le voyait comme tel, à fortiori sa famille, et cette image l'agaçait un peu. Même s'il ne le montrait pas. Une fois assis à une table, il se félicita d'être passé inaperçu auprès de ces gens et commanda à boire. Cependant, si ses vêtements lui facilitaient la tâche, il n'en était pas de même de son attitude, comme le démontra bientôt la serveuse lorsqu'il demanda "à boire, gente dame" :

"Excusez-moi ?"

Comprenant son erreur et sentant le regard de son père (déguisé en vieil homme et assis au fin fond de la salle) rivé sur lui, Kelsis se râcla la gorge et corrigea, non sans essayer d'effacer le ton hautain dans sa voix :

"Enfin quoi, tu préférerais que je me montre impoli ? Dans ce cas apporte-moi une bière, femme, et plus vite que ça !"

Dans le même temps, il se fustigea pour son extrême impolitesse à l'égard de la gent féminine, qui allait à l'encontre de son éducation. Mais il repéra alors l'homme qu'il était venu voir, et il en oublia tout le reste. Il correspondait bien à la description faite par l'espion de son père... Le jeune homme se leva et aborda l'inconnu, non sans oublier au passage ce qui venait de le faire remarquer devant tout le monde :

"Bien le bonsoir, mon brave. Puis-je partager votre table ?" demanda-t-il d'un ton pompeux.

Et, comme la politesse la plus élémentaire exigeait qu'il attende une réponse de son vis-à-vis, il patienta, le dos très droit, les pieds fichés dans le sol à quelques centimètres de la table et deux doigts posés sur le rebord, comme pour signifier inconsciemment qu'il avait déjà l'intention bien arrêtée d'ignorer tout refus.

Kelsis avait presque une main sur le dossier de la chaise lorsque l'autre l'invita à s'asseoir. Il s'exécuta donc, non sans ajouter un : "Merci, c'est très aimable à vous." Il suivit un instant du regard la serveuse qui s'activait derrière le comptoir, puis reporta son attention sur son "contact". Même si l'intéressé ignorait encore qu'il le considérait comme tel... La réplique suivante fit sourire Kelsis. Il avait reçu des ordres très précis, et si cela ne tenait qu'à lui, il aurait usé d'une petite plaisanterie pour dire clairement ce qu'il pensait de sa prétendue fonction auprès du roi. Mais il n'en fit rien, non pas car il savait se tenir, mais parce que son père avait les yeux rivés sur lui. Aussi regarda-t-il son interlocuteur bien dans les yeux pour lui répondre. Après tout, il n'avait rien à se reprocher, pas vrai ? Il restait fidèle au roi. Même si monsieur de Batz n'était pas censé le savoir.

"Laissons un instant mon père, ma mère et ses jupons de côté, voulez-vous ?" répondit-il poliment, sans se départir de son sourire. "Dites-moi plutôt... est-il courant de jeter quelqu'un aux cachots parce qu'il n'aurait pas obéit à ses parents ? Je pensais que notre souverain se souciait des trahisons plus importantes que celles-ci... les groupes rebelles, par exemple. Mais vous semblez jouir d'une position plus privliégiée que moi à la Cour, vous devez sûrement en savoir plus que ce je peux affirmer."

Il n'y avait que très peu de sous-entendus dans cette remarque. Kelsis s'intéressait réellement à la réponse de son vis-à-vis, lui qui n'avait jamais vraiment eu à se soucier de l'autorité de ses parents. Il n'avait en revanche pas relevé sa remarque concernant son attitude un peu étrange. Soit parce qu'il ne s'en souciait pas, soit, plus probable, parce qu'il ne l'avait pas remarqué. Son père, déguisé et assis tout au fond de la salle, ne pouvait les entendre. Kelsis sentait pourtant se regard planté dans son dos, à plusieurs mètres de là. Il ne savait s'il devait se réjouir ou non que son père ne puisse lui faire savoir son approbation ou son mécontentement quant à son attitude.

"Laissons un instant mon père, ma mère et ses jupons de côté, voulez-vous ? Dites-moi plutôt... est-il courant de jeter quelqu'un aux cachots parce qu'il n'aurait pas obéit à ses parents ? Je pensais que notre souverain se souciait des trahisons plus importantes que celles-ci... les groupes rebelles, par exemple. Mais vous semblez jouir d'une position plus privilégiée que moi à la Cour, vous devez sûrement en savoir plus que ce je peux affirmer.

Je pris le temps de terminer mon verre, et d'en redemander un à la serveuse. Puis une fois qu'elle fut loin, je répondis.

- La flatterie est très mauvais. Je n'ai pas une position privilégié à la cour. Je fait parti de la cours c'est tout. Et je ne pense pas que le roi aimerais que l'on parle de ses projets dans des tavernes comme celles ci qui pourrais être un refuge pour les traître à la couronne, et à notre roi, longue vie à lui.

Je m'étais plusieurs fois répété des phrases toute faite à servir comme ça, mais à chaque fois elles avaient du mal à passer. Comment pouvais ton louer un despote tel que notre actuelle souverain ? Une chose m'intriguais quand même. Pourquoi ce jeune noble était t'il venu ici ? Et pourquoi à ma table ? Cela m'inquiétai beaucoup. Mais les nombreuses années que j'avais derrière moi m'avais permis d'avoir une parfaite, ou presque parfaite maître de l'expression de mon visage, aussi mon inquiétude ne transparaissais pas. Une chose heureuse. Car à tout moment je jouais ma vie certes, mais ma place au palais, et les précieuses informations qui allaient avec.
Je le jaugeais du regard, comme quand vous voulez évaluez si quelqu'un est fiable.

- Votre visage ne m'est pas inconnu, vous ressemblez à quelqu'un que je connais qui est présent à la cour. Je pense que je peux vous faire une petite confidence. A vrai dire je suis ici pour affaire pour le palais. Je rassemble des informations. Voyez vous, les milieux sociaux les plus défavoriser sont ceux qui recèle le plus d'espions. Ainsi en venant ici et en prenant un verre ou deux, j'espère pouvoir entendre quelques informations de qualité pour notre roi. Je ne suis que financier à la base, pas espion, je ne peut donc pas servir plus sa majesté. Elle à des personnes beaucoup plus compétente à son service pour cela.

La musique avais changé, une musique que je connaissais, et qui annonçais normalement l'arrivé d'un de mes amis dans la salle. Mieux valais ne pas regarder pour vérifier maintenant, mais cette musique était un signal. Un signal que la jeune musicienne jouais lorsque mon ami Linus et moi même nous trouvions dans l'auberge mais que nous n'y étions pas seul. Ce n'était surtout pas le moment que je le rencontre.

Kelsis passa outre la remarquer à l'intention de sa flatterie. Le milieu dans lequel il avait grandi lui avait appris qu'il était utile de savoir relever les qualités chez les autres, même lorsqu'elles ne vous apparaissaient pas clairement. Certains appelleraient cela de l'hypocrisie, les de Trell préféraient penser qu'il s'agissait d'un moyen comme un autre d'assurer leur survie à la Cour, et Kelsis de dérogeait pas à la règle. Dans le même temps, sa remarque lui avait permis de savoir si les informations données par l'espion de son père étaient exactes, c'est-à-dire si l'homme avec lequel il discutait était bien Jean de Batz. D'après le peu qu'il savait et ce que son interlocuteur venait de lui dire, il ne jouissait pas d'une situation excessivement privilégiée à la Cour du roi. Un peu comme sa famille à lui, mais peut-être pas pour les mêmes raisons. Kelsis profita de ce que la serveuse lui avait apporté la bière qu'il avait commandée (de la bière, quelle horreur !) pour lever son verre comme s'il portait un toast :

"Longue vie à lui." répéta-t-il simplement, et pour une fois il n'y avait nulle exagération dans son ton.

Chacun pensait ce qu'il voulait du roi en son for intérieur et Kelsis ne dérogeait pas à la règle.

"Je ne pense pas que ce genre de projets soient réellement confidentiels" , ajouta-t-il. "Ce n'est pas comme si notre souverain n'avait jamais pendu deux ou trois rebelles pour donner l'exemple, n'est-ce pas ? Non que je conteste ce geste." L'un des aïeul de Kelsis et, plus récemment, son grand-père, avaient tenté de s'opposer au régime du tyran, sans succès bien évidemment. Leur sang avait tâché la place des torturés, mais ce n'étaient pas les premiers et ce ne seraient pas les derniers. La famille de Trell faisait donc partie des victimes du roi, mais elle tentait de racheter les erreurs de ses ancêtres et le travail que Kelsis effectuait ce soir-là était un moyen comme un autre d'y parvenir. Aussi, il était difficile de savoir si Kelsis approuvait ou nom les actes de son grand-père et de son arrière-arrière-arrière-etc... grand-père. "Je pense simplement qu'il n'y a aucun risque à mentionner ces faits tant qu'on ne fait pas partie de... ces gens-là."

Kelsis but une gorgée de bière en se retenant avec brio de grimacer (elle était infecte), tout en écoutant les dernières paroles de son interlocuteur. Il prenait le ton de la confidence pour affirmer qu'il lui faisait confiance et lui révéler certaines choses. Kelsis faillit mentionner que les rôles semblaient inversés : à présent c'était lui qui tentait de le flatter ou, du moins, de l'amadouer. Mais il n'en fit rien et se contenta de hocher la tête à ses propos. Cependant une fois qu'il eut fini de parler, Kelsis ne put retenir un petit sourire ironique, et la remarque qui l'accompagnait :

"Je ne doute pas que le roi ait des gens plus compétents à son service. Ceux-ci auraient probablement choisi un lieu autre qu'une auberge des hauts-quartiers pour remplir leur mission. Sans vouloir vous vexer, il existe des endroits hautement plus défavorisés que celui-ci. Le Poney Fringant reste un établissement de bonne qualité, si vous voulez mon avis, comparé à ceux que l'on trouve dans les Bas-Quartiers."

Et aux gens qui l'accompagnent. Kelsis retint une grimace de dégoût. Venir ici était déjà un grand pas, mais s'il devait mettre les pieds dans un bar miteux... ! Et puis, la bière d'ici était déjà bien trop imbuvable à son goût ! D'un autre côté, c'était peut-être l'occasion de gagner la confiance de l'homme. Oui mais, comment faire ? Il ne connaissait nul endroit de ce genre... et fort heureusement ! Un jeune homme de son rang ne se risquait pas dans des coupes-gorges. Cela aurait nuit à sa réputation. (Sans parler de sa vie.)

"Je peux vous indiquez un ou deux noms, si vous le souhaitez." C'était un mensonge, mais c'était pour la bonne cause. Il enchaîna avec un autre mensonge, moins évident : Après tout, nous sommes dans le même camp, vous et moi. Je peux même vous y emmener."

Il s'aventurait sur un terrain dangereux, il le savait. Mais le danger n'avait jamais réellement effrayé Kelsis. Il était probablement trop tête brûlée pour se douter de ce qui l'attendait s'il menait son vis-à-vis dans un endroit dont il ignorait tout... à commencer par son adresse.

La serveuse vint apporter la commande de mon très cher intrus. Du moins c'est comme ca que je le voyais. Sa présence ici n'était pas pour me mettre à l'aise. C'était tout simplement insolite de voir une personne comme lui ici. Qui de plus est à ma table. Pourtant j'étais sur de n'avoir rien fait qui puisse laisser penser que je sois un agent double. C'était peut être tout simplement une enquête de routine commander par notre roi, ou alors simplement une coïncidence, mais depuis quelques années, j'avais appris à ne pas croire au coïncidence, rien n'arrive par hasard. Jamais !
Je reporta mon attention sur ce qui se passais autour de moi. Le jeune avait porté un toast au roi, chose que je m'empressais de faire à mon tour, m'excusant au passage pour mon absence. Et puis, pour la justifier, j'expliqua que je venais souvent ici avec ma femme avant.

- Je ne pense pas que ce genre de projets soient réellement confidentiels. Ce n'est pas comme si notre souverain n'avait jamais pendu deux ou trois rebelles pour donner l'exemple, n'est-ce pas ? Non que je conteste ce geste. Je pense simplement qu'il n'y a aucun risque à mentionner ces faits tant qu'on ne fait pas partie de... ces gens-là.

- Que vous le contestiez ou pas les choses sont là. Chacun pense ce qu'il veut. Après il est certains opinion dont il faut mieux taire le contenu, ou du moins le garder pour des personnes de confiance. Mais il est vrai qu'évoquer certains projets n'enfreins pas la règle de secret que veux préserver notre roi. Surtout qu'il est vrai que mentionner ce genre de chose ici, n'a pas d'importance, je pense. Les rebelles doivent avoir quelques espions qui le savent déjà. Mais laissons la ces sujets sans importance ? Le palais n'est pas ici, nous ne sommes pas au travail.

- Je ne doute pas que le roi ait des gens plus compétents à son service. Ceux-ci auraient probablement choisi un lieu autre qu'une auberge des hauts-quartiers pour remplir leur mission. Sans vouloir vous vexer, il existe des endroits hautement plus défavorisés que celui-ci. Le Poney Fringant reste un établissement de bonne qualité, si vous voulez mon avis, comparé à ceux que l'on trouve dans les Bas-Quartiers. Je peux vous indiquez un ou deux noms, si vous le souhaitez. Après tout, nous sommes dans le même camp, vous et moi. Je peux même vous y emmener.

Que me chantait t'il la ?

- Je ne vous suis pas ? M'emmener ou ?

[Hj : Je crois que je suis aussi perdu que mon personnage ^^ Effectivement je n'avais pas fait attention qu'on était dans les hauts quartier et non pas dans les quartiers pauvres]